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A peu près à la même époque cohabitent plusieurs autres mouvements artistiques : le pop-art, que l'on connait bien, mais aussi l'art conceptuel et l'art minimal.
A peu près à la même époque cohabitent plusieurs autres mouvements artistiques : le pop-art, que l'on connait bien, mais aussi l'art conceptuel et l'art minimal.
Sol LeWitt dans "Paragraphs on
Conceptual Art" (Artforum été 1967) écrit : "Je dirais que le genre d'art dans
lequel je suis engagé est un art conceptuel. Dans l'art conceptuel,
l'idée ou le concept est l'aspect le plus important du travail. (Dans
d'autres formes d'art le concept peut être changé en cours
d'exécution). Quand un artiste utilise une forme conceptuelle d'art,
cela signifie que tout ce qui concerne la programmation et les décisions
est fait d'avance et que l'exécution est une simple formalité...". Les liens qui unissent l'art conceptuel et l'art minimal entre eux sont ténus et ambigus, de même que les liens qui unissent ces mouvement au modernisme de Greenberg évoqué plus haut ; ainsi, l'article Universalis "Art minimal et conceptuel" explique que "l'art minimal et son alter ego l'art conceptuel peuvent être considérés comme les enfants illégitimes du modernisme". L'art minimal apparait un peu avant l'art conceptuel et semble mener au bout les recherches de Greenberg sur la planéité et sur l'auto-purification déjà évoqués. En effet, dès le début des années 60, des peintres comme Ad Reinhardt, Frank Stella et Robert Ryman vont pousser à bout les processus d'épuration, aboutissant à un "degré zéro de la peinture". Plus que la pureté de la peinture, ces artistes vont rechercher la pureté de l'expérience visuelle elle-même en expliquant que « un espace réel est fondamentalement plus fort et plus spécifique que
de la peinture sur une surface plane » (1), ils vont cesser d'utiliser la peinture sur toile pour construire des objets tridimensionnels qui auront un statut à part, n'étant plus de la peinture et pas encore vraiment de la sculpture, ce que Judd appellera les "objets spécifiques"(2).
Donald Judd |
Laurence Weiner - A 36"x36" removal to the lathing or support wall of plaster or wallboard from a wall |
Les artistes conceptuels se réclament de la même froideur mais mettent plus l'accent sur les moyens d'y parvenir ; plusieurs artistes menèrent ainsi une recherche autour des instructions, conçues comme des partitions : "Une ligne de n'importe quelle longueur est dessinée sur le mur, une deuxième ligne est dessiné à angle droit avec la première, une troisième à angle droit avec la deuxième, une quatrième à angle droit avec la troisième, jusqu'à ce que l'exécutant ait le sentiment que le mur est couvert d'un nombre suffisant de lignes" (3). Les indications écrites accompagnaient le dessin pour montrer l'équivalence des deux modalités d'existence de l’œuvre et, à la fin de chaque exposition, les murs sont repeints en blanc mais, comme l'explique Denys Riout dans Qu'est-ce que l'art moderne ?, "l’œuvre n'est pas détruite pour autant, car la disparition du visible n'altère en rien sa réalité textuelle, qui pourra reprendre corps, ailleurs, autrement." (4) Avec l'exemple suivant que choisit Riout, on comprend mieux la portée politique de ces pratiques : Laurence Weiner écrivait ainsi "1. L'artiste peut construire la pièce. 2. La pièce peut être fabriquée par quelqu'un d'autre. 3. La pièce n'a pas besoin d'être construite. Chacun e de es trois possibilités a la même valeur et reste conforme à l'intention de l'artiste. Le choix reste soumis à la décision de l'éventuel acquéreur." Cette déclaration signe la mort absolue de l’œuvre d'art unique : ne se formant plus dans un objet, l’œuvre appartient à tous ; dans le cas de Weiner, il suffirait à la limite de retenir une déclaration pour posséder l’œuvre.
Joseph Kosuth - One and Three Chair |
Robert Morris - Card File |
(1) Donald Judd, « Specific Objects », 1965
(2) Voir notamment l'exposition "Art by telephone".
(3) Sol LeWitt, Oberlin, Ohiao, Oberlin College, 1970
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