jeudi 3 novembre 2011

Problématique du tirage en photographie


Photographies par Cartier-Bresson et Jeff Wall
Le tirage unique est une pratique assez nouvelle au sein de la culture photographique, et en rupture avec ses valeurs traditionnelles(1). Les photographes la pratiquant sont pourtant apparemment parvenus à faire entrer de plein droit la photographie dans le monde de l’art (ses réseaux, ses raisonnements, ses marchés…). On peut malgré tout se demander si cette logique n’est pas une fausse logique résultant seulement de l’imitation des mécanismes de la peinture, si l’ontologie de la photographie, sa « mission » au sein de l’histoire de l’art, n’est justement pas dans la multiplicité des tirages d’une même œuvre, tous équivalents et dans la destruction du concept romantique étouffant autant qu’obsolète de chef d’œuvre et de génie – du concept d’autonomie de l’œuvre d’art, finalement. Les avant-gardes des années 60(2) avaient déjà tenté une telle destruction au nom d’un art plus populaire et plus proche du public ; s’ils ont durablement marqué l’histoire de l’art, leurs essais ne brillent aujourd’hui plus que par leur échec et leur oubli devant le grand public, quand ce n’est pas du mépris. Est-ce à dire que le temps n’était pas venu d’une telle mutation, qu’ils s’y sont pris avec de mauvaises méthodes ou que cela n’est pas ce que la société attend de la part des artistes ? La critique greenbergienne de l’art populaire ainsi que de l’art soviétique nous amène à penser que l’art doit peut-être conserver – sans toutefois jamais renier les expériences extraordinaires qui ont été effectuées – l’impossible tension entre son idéal élitiste et son utopie d’universalité.
Œuvre d'arte povera : "Merda d'artista" de Piero Manzoni


(1)On peut opposer schématiquement, par exemple, Henri Cartier-Bresson et Jeff Wall.
(2) Citons notamment les minimalistes, les acteurs de l’art conceptuel ou de l’arte povera, parmi tant d’autres.

Œuvre d'art minimal par Robert Morris

4 commentaires :

  1. et je parie que la nouvelle chanson sur le widget (Juan Miyake) c'est Françoi qui l'a rajoutée !
    En tout cas, elle est super.

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  2. ahah, mon cher vous vous trompez, c'est de nini

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  3. Ecoutez la version instrumentale aussi. Elle s'appelle "Lillies in the valley". C'est le top.

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  4. Je ne veux pas pinailler, mais, quand même, c'est Jun et non Juan...

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