mercredi 25 mars 2015

Plats de substitution, pièges à cons ?

La décision du maire UMP de Châlon sur Saône de supprimer les menus de substitution sans porc provoque, depuis la mi-mars, un débat absolument hystérique. Cette décision est-elle cependant si scandaleuse que cela ? Non, dans la mesure où elle se contente d'appliquer jusqu'au bout le principe de laïcité. Oui, s'il s'agit d'emmerder les muslmans. 

Le principe de laïcité devrait, à mon sens, être appliqué de manière jusqu'au boutiste : c'est à dire que le religieux ne doit jamais, jamais, interférer dans la vie publique du pays ; c'est à dire que la République et ses institutions n'ont jamais à s'adapter, à se plier à des revendications religieuses.

La religion est une affaire privée, basée sur une croyance, que je qualifierai d'irrationnelle, en une entité supérieure qui aurait délivré des textes auxquels des idiots croient devoir se plier. Refuser de manger du porc parce que c'est écrit dans le Coran ou la Torah est stupide ; refuser le mariage homosexuel au nom d'un impératif religieux est stupide. Ainsi la religion doit-elle demeurer une affaire strictement privée. Les croyants parlent aux croyants, et à eux seuls. Aussi les prises de position publiques des uns et des autres, évêques, rabbins ou quoi que ce soit, sur des sujets de société sont absolument inacceptables.
À ce titre la visite de François Hollande au Pape en janvier est scandaleuse, puisque le Pape ne peut représenter que la communauté des croyants, et que son avis, ses prises de position, basées sur des commandements irrationnels, ne peuvent être écoutés par le président d'une république laïque [1]. 

Certains avancent que la laïcité, ce n'est pas l'interdiction des religions, c'est le respect des pratiques religieuses de tous, qui doivent permettre de vivre ensemble.
Non : on ne peut pas respecter une religion ; tout au plus peut-on la tolérer : après tout, que des idiots s'agenouillent devant un prêtre pour participer à l'eucharistie, c'est leur problème, tant qu'ils ne viennent pas imposer leurs croyances aux honnêtes gens. 

Ainsi n'est-il pas possible, dans une école laïque, de proposer des menus de substitution : ce n'est pas que ce soit difficile en soi, c'est même très simple ; c'est simplement la réaffirmation que rien ne peut justifier que la République prenne en compte la croyance de ses citoyens, et qu'il ne faut rien céder sur ce principe-là (malheureusement, de nombreuses communes, en ce qui concerne la cantine, le font). 

La soutane d'un curé, le voile d'une jeune femme, les tresses d'un rabbin, la robe d'un bouddhiste, dans l'espace public, me dérangent profondément, et me donnent envie de donner des coups ; cependant, le port d'un signe religieux ne m'atteint pas, ne me force à rien, et relève d'un strict choix personnel : je ne milite donc pas pour leur interdiction. Par contre, devoir changer de chemin sur le trottoir parce que des simples d'esprit n'ont pas assez de place dans leur niche à con pour prier, cela m'énerve profondément.

Je revendique avec véhémence cette position ultra-laïque. Le problème, c'est que nombre de ceux qui la prennent le font pour de mauvaises raisons, avec pour but de stigmatiser les musulmans. Le Front National n'est pas laïc, qui rappelle en permanence les racines chrétiennes de la France. Leur grande peur, in fine, est celle du "grand remplacement", théorie idiote inspirée par Renaud Camus ; c'est la peur que la France, demain, soit envahie de "bougnoules" et de "bicots"[2]. Nombreux sont les membres de l'UMP à partager ces positions, qu'ils soient sincèrement réactionnaires ou simplement avides de récupérer quelques abrutis d'électeurs.
Ce respect des valeurs laïques qu'ils prônent n'est rien d'autre que le cache-sexe de leur racisme turgescent et nauséabond. 

Soyons laïcs, chiche ; mais alors, abandonnons le poisson le vendredi (j'ai mangé du poisson le vendredi en 6ème, ça se fait toujours) ; récusons le Concordat qui, en Alsace, accorde des privilèges exorbitants aux courants religieux (et coûte très cher à l'état, puisque c'est lui qui paye les curés, les imams, les rabbins) ; etc., etc. 

Le principe de laïcité doit être réaffirmé, et en tout cas ôté des mains de l'extrême droite qui en fait un bien mauvais usage et le dessert profondément. 













3 commentaires :

  1. J'avais laisse un super commentaire, mais il a pas été pris.
    Dommage.

    RépondreSupprimer
  2. http://www.vacarme.org/article2127.html

    Tout ce que je pourrai t'expliquer se trouve bien dit dans ce texte.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cet article dit exactement ce que j'ai dit (il le fait mieux, bien sûr.

      La religion n'est pas un problème en soi ; je ne suis pas contre le voile, pas contre les boucheries halal, pas contre la soutane.

      La seule chose qui importe, c'est que l'état et ses institutions n'ait pas, jamais, à accorder son action aux revendications religieuses des "fidèles" : pas de menus de substitution, pas de concordat, etc.
      Et je suis tout à fait d'accord pour débaptiser les jours fériés catholiques.

      Je suis très content en tout cas que nos positions se rejoignent dans le camp de la Raison.

      Supprimer