"Le hacking, c'est le contournement intelligent des limites imposées, qu'elles le soient par votre gouvernement, votre serveur IP, vos propres capacités ou les lois de la physique."(1)
L'éthique du hacker, créée au MIT - Massachussets Institute of Technology, aux États-Unis, pionnier dans le milieu - , comprend ces six règles :
- L'accès aux ordinateurs - et à tout ce qui peut nous apprendre comment le monde marche vraiment - devrait être illimité et total.
- L'information devrait être libre et gratuite.
- Méfiez-vous de l'autorité. Encouragez la décentralisation.
- Les hackers devraient être jugés selon leurs œuvres, et non selon des critères qu'ils jugent factices comme la position, l’âge, la nationalité ou les diplômes.
- On peut créer l'art et la beauté sur un ordinateur.
- Les ordinateurs sont faits pour changer la vie.
On le voit, les ordinateurs et l'informatique ont une place prépondérante chez les hackers, aujourd'hui renforcée par Internet et le réseau, permettant évidemment une libre circulation des informations, une rapidité d'exécution et de partage et une globalisation des données.
Neri Oxman, Casque - # série Pneuma 2012, Matériaux digitaux, impression 3D, Centre Pompidou, Paris, France |
L'administration de ces lieux peut varier, généralement basée sur un conseil élu parmi les membres actifs. Elle repose sur la cooptation, la méritocratie et une sorte d'éthique du consensus mou (4).
Ce sont de véritables Laboratoires de Recherche de Communautés Ouvertes.
Les FabLab (contraction des mots Fabrication Laboratory, [laboratoire de fabrication]) consistent en des lieux ou des ateliers de fabrication numérique regroupant artistes, designers, ingénieurs, informaticiens et amateurs qui se doivent de respecter la charte FabLab mise en place par le MIT. Généralement implantés dans les universités, ils ne sont pas aussi fermés que les hackerspaces, et donc privilégiés des politiques, des industriels et des entrepreneurs.
Hackerspaces et FabLab représentent aujourd'hui un nouveau modèle économique, communautaire et local, basé sur le partage des données (wiki), des connaissances et un développement de pratiques industrielles « libres » et démocratiques, tels que les logiciels libres ou la réalisation de machines auto-duplicatives puis d'objets physibles, c'est-à-dire d'objets que l'on peut rendre physiques. Par conséquent, à portée globale.
D'autant plus que le financement de ces lieux (locaux, matériels, événements) se fait entièrement avec les frais d'adhésion et à l'occasion par le crowdfounding, c'est-à-dire le financement par la foule, dont kisskissbankbank est le modèle le plus représentatif. Ce sont les particuliers qui investissent leur argent dans un projet qui leur semble viable (5). Ils deviennent ainsi"produtilisateurs", et acteurs d'une économie participative et locale en pleine de voie de développement.
Neri Oxman, Armure - # série Pneuma 2012, Matériaux digitaux, impression 3D, Centre Pompidou, Paris, France |
Neri Oxman, Casque - # série Medusa 2012, Matériaux digitaux, impression 3D, Centre Pompidou, Paris, France |
1. "Hacking is the clever circumvention of imposed limits, whether imposed by your government, your IP server, your own personality, or the laws of physics." — St. Jude
Définition donnée par Jude Milhon (1939-2003), grande hacker plus connue sous le pseudo de St. Jude.
2. Après adhésion ou parfois participation bénévole pour ceux qui sont financièrement limités.
Les hackerspaces sont fréquentés par des personnes de tous horizons (hackers, entrepreneurs, survivalistes, écologistes, décroissants, scientifiques, anti-consuméristes, bobos, biohackers... et même par des enfants) pour des motivations tout aussi diverses : maîtrise de la technique, maîtrise de son environnement, curiosité, éthique ou nécessité.
http://hackerspaces.org/wiki/List_of_Hacker_Spaces
3. "L’impression 3D est une technique de production industrielle. L’imprimante, va par ajout de matière fondu (plastique, cire ou métal) réaliser des objets numériques en 3D. Le fonctionnement est similaire à celui d’une imprimante de bureau, sur laquelle on a ajouté un axe (la hauteur).
Cette technologie est déjà très présente dans l’industrie (on imprime des pièces pour l’automobile, l’aviation..) et dans l’architecture ou le design." Tristan Fraipont, Immersion dans un Hackerspace à Shanghai, 2012
4. D'après Vivien Roussel et Loïc Féjoz : le "consensus mou" est en fait le non-refus d'une proposition, validé au bout d'une quinzaine de jours sans opposition de la part des autres membres.
5. Selon l'accord passé entre les parties, les founders sont récompensés par la suite, allant de la communication des plans, de la présence de leurs noms sur le "générique", jusqu'au don d'exemplaires des pièces réalisées.
Pour en savoir plus vous pouvez vous rendre :
sur le site de Tristan Fraipont : http://navicorp.org/references/
et son mémoire qui traite d'un hackerspace à Shanghai: http://navicorp.org/黑客.pdf
sur le site du MIT : http://www.mit.edu/
sur la carte mondiale des hackerspaces et des fablabs : http://diy.wedodata.fr/web/#2/-24.2/0.0
Pour les travaux de Neri Oxman : http://web.media.mit.edu/~neri/site/projects/projects.html
et au Centre Pompidou
Crédits photo : Yoram Reshef
http://www.ecrans.fr/Enfin-du-plastique-pour-le-grand,16533.html
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