Ne sachant plus inscrire un enfant dans une perspective éducative et ne sachant quoi lui transmettre et lui dire, l'adulte n'a rien trouvé de mieux que de lui expliquer sa psychologie et se qui se passe dans sa tête.N'est-il pas d'ailleurs étonnant qu'au moindre accident, agression ou meurtre, une cohorte de spécialistes de la psychologie fonde sur les jeunes et les invite à parler, pour éviter que ne s'installent les séquelles d'un éventuel traumatisme ? Certains ne le souhaitent pas aussi immédiatement, même si, par la suite, ils en auront peut-être besoin. Cette démarche de croire que l'on peut éviter un certain traumatisme en parlant sur le choc est pour le moins discutable, et notamment au plan théorique. Cette prise de position sur la subjectivité par la société en dit long sur les défaillances éducatives qui ne donnent plus de ressources pour savoir réagir et ne préparent pas structurellement les personnalités à faire face aux événements dramatiques de l'existence, et encore moins à savoir élaborer psychologiquement les peurs, les angoisses fondamentales réactivées par telle ou telle situation. A trop confondre le discours social avec l'intersubjectivité, on a fait disparaître toute dimension sociale et symbolique qui permette de se représenter et d'assumer les réalités défaillantes de l'existence. Le langage médiatique a favorisé cette substitution en codant la vie en termes intimistes et en valorisant l'individu au détriment de toute dimension institutionnelle. Ainsi, la fragilité de l'existence, la méchanceté, la duplicité et la cruauté... tous les risques de la nature et de l'existence, ne sont pas pensés et encore moins représentés dans une symbolique. C'est dans ces conditions que resurgissent les incertitudes les plus primitives, comme la peur des envoûtements, des sorts et des esprits des morts qui viendraient envahir le monde des vivants.
Le discours psychologique, qui remplace le plus souvent l'éducation et le cadre symbolique de la société, conforte un rapport magique à la parole où les jeunes sont de plus en plus renvoyés à eux-mêmes sans médiation. Faute de pédagogues, ils se retrouvent seuls face à l'école et à la police qui sont, avec le juge, les derniers intermédiaires adultes entre le société et eux.
Tony ANATRELLA, La différence interdite : sexualité, éducation, violence, trente ans après mai 1968, Flammarion, 1998.
Au-delà de la question de l'éducation, le problème qui semble se poser, qui se pose véritablement, c'est cet aspect de l'intersubjectivité opposé à un discours social global qui semble pour le moins s'effriter ; comment concilier des intérêts personnels contradictoires, dont on sait qu'ils s'accordent mal, voire s'opposent à l'intérêt commun, avec une vision sociale globale et cohérente qui, tout en prenant en compte les aspirations de chacun - avec, dans nos sociétés modernes, un véritable éclatement des individualités ou des communautés - les intègre dans un environnement normatif qui ne soit pas coercitif ?
Pour aller plus loin, il nous faudrait évoquer cette plaie qu'est devenue l'empathie - télévisuelle, radiophonique, etc., en bref, médiatique ; mais aussi politique, en bref, populiste.
Nous interroger également sur la contamination de la pensée individuelle par l'expérience mass médiatique ; ou comment, ce que l'on croit être le fruit d'une expérience personnelle subjective ne peut être que déterminé par un univers insidieusement coercitif ; et comment "des pratiques culturelles extrêmement disparates se retrouvent structurellement déterminées par les mêmes croyances, valeurs et relations hégémoniques de l'économie de marché - jusque dans leur fondement, même si ceux qui les pratiquent n'en ont pas forcément conscience" (Victor Burgin).
La possibilité pour l'art de construire un discours social, politique, de faire émerger une véritable réflexion doit-elle être niée ; ou minorée ? Qu'en est-il, en particulier, de la frange de l'art qui promeut l'interactivité ? ; promettant au spectateur de lui permettre de s'impliquer dans le processus de fabrication, et même de faire vivre l'oeuvre, constitue-t-elle un progrès, ou n'est-elle qu'un autre avatar, particulièrement pernicieux, d'un libéralisme individualiste destructeur ?
Nous interroger également sur la contamination de la pensée individuelle par l'expérience mass médiatique ; ou comment, ce que l'on croit être le fruit d'une expérience personnelle subjective ne peut être que déterminé par un univers insidieusement coercitif ; et comment "des pratiques culturelles extrêmement disparates se retrouvent structurellement déterminées par les mêmes croyances, valeurs et relations hégémoniques de l'économie de marché - jusque dans leur fondement, même si ceux qui les pratiquent n'en ont pas forcément conscience" (Victor Burgin).
La possibilité pour l'art de construire un discours social, politique, de faire émerger une véritable réflexion doit-elle être niée ; ou minorée ? Qu'en est-il, en particulier, de la frange de l'art qui promeut l'interactivité ? ; promettant au spectateur de lui permettre de s'impliquer dans le processus de fabrication, et même de faire vivre l'oeuvre, constitue-t-elle un progrès, ou n'est-elle qu'un autre avatar, particulièrement pernicieux, d'un libéralisme individualiste destructeur ?
Discours social
Intersubjectivité
Construction d'une symbolique collective - opposée à son absence.
3 idées qui seraient les mamelles de notre réflexion.
3 idées qui seraient les mamelles de notre réflexion.
ainsi que l'étaient agriculture et commerce extérieur.
RépondreSupprimerSully Said.